Lors d’une agression sexuelle, nous avons tous tendance à nous focaliser sur la victime. Et c’est bien normal. Mais il ne faut pas pour autant oublier son entourage, qui lui aussi se pose des centaines de questions. Confronté à une telle situation, personne ne sait vraiment ce qu’il faut dire, ce qu’il faut faire. Et pourtant, nous voulons aider. C’est pourquoi Maintenant j’en parle a souhaité vous dédier une page à vous, les amis, membres de la famille ou connaissances, qui vous inquiétez du bien-être de l’un de vos proches qui semble être victime de comportements sexuels inacceptables par un tiers.

Comment puis-je aider ?

C’est sans aucun doute la première question que vous vous posez en tant que celui ou celle qui recueille son récit. Montrez-vous à l’écoute, tout d’abord, sans être ni la police qui enquête, ni l’agresseur qui dit « mais c’est de ta faute, tu n’avais qu’à… », surtout pas. Restez à votre place, d’amie, de mère, de père, de frère… Si la victime vient vous parler, c’est qu’elle pense que vous allez vous montrer digne de son témoignage, confiant dans la place que vous allez prendre et cette place est la vôtre, uniquement celle-là. Si cela vous semble difficile, alors mettez-vous à sa place un bref moment : si c’était vous qui prononciez ces mots et qu’elle vous écoutait, que souhaiteriez-vous qu’elle fasse ? Que voudriez-vous qu’elle ne demande pas ? Que voudriez-vous qu’elle ne dise pas ?

Comment aider une victime d'harcèlement sexuel

Écouter, croire, soutenir

Le processus de guérison d’une victime d’agression sexuelle se fonde généralement sur le besoin d’en parler. Il est donc primordial que vous vous montriez disponible et que vous la laissiez se confier, exprimer ses peurs, ses angoisses, ses émotions. Et si elle ne veut pas parler, alors expliquez-lui à quel point c’est important pour elle, pour parvenir à aller de l’avant mais n’insistez pas, ne la forcez pas.

Lors de ces conversations, écoutez-la attentivement, sans jugement ni doute. Il est important, en effet, de lui montrer que vous la croyez, même si ce qu’elle vous raconte vous semble décousu. C’est bien normal que son histoire ne soit pas linéaire, ce qu’elle a vécu est traumatisant. Il est donc difficile d’en parler. Veillez également à ne pas l’interrompre. Encouragez-la dans les moments compliqués et évitez de trop la toucher si vous remarquez qu’elle réagit mal à un câlin ou une caresse. Prenez une posture ouverte, qui montre que vous êtes à son écoute : ayez un bon contact des yeux, sans chercher non plus à le maintenir absolument. Assurez-vous également de ne pas la dominer de votre taille. Essayez plutôt de vous assoir à sa hauteur.

Déculpabiliser, aider à reprendre le contrôle de sa vie

Malheureusement, de nombreuses victimes d’attouchements sexuels pensent que ce qui leur est arrivé est de leur faute. C’est bien évidemment faux. Il faut donc que vous l’aidiez à comprendre qu’elle n’est en rien responsable, que le seul à l’être, c’est son agresseur. Ne blâmez donc pas votre proche pour ce qu’il a fait ou n’a pas fait. Les questions du style « Pourquoi ne t’es-tu pas défendu.e ? » ou « Pourquoi ne t’es-tu pas enfui.e ? » ne sont pas productives et incitent les victimes à penser qu’elles ont mal fait quelque chose.

Bien que ce soit difficile et que l’on ressente souvent un immense sentiment de protection, il est indispensable pour sa guérison qu’une victime puisse reprendre le cours de sa vie. Même si vous avez envie de prendre les choses en main, d’agir comme il vous semble nécessaire, consultez-la, laissez-lui le temps de réfléchir sur votre ou vos proposition.s. Aidez-la à reprendre le contrôle de sa vie sans l’étouffer et la surprotéger, sinon cela accentuera son sentiment d’être dépossédée de sa vie, de ses pensées, de ses choix et augmentera ses problèmes.

Accompagner dans les démarches pour porter plainte contre une agression sexuelle

Accompagner dans les démarches pour porter plainte

Parce que nous sommes en colère et que nous voulons que l’agresseur paie, nous désirons tous que la victime porte plainte. Si elle souhaite faire une déposition, c’est effectivement important pour son processus de reconstruction et il faut que vous l’accompagniez à chaque étape de cette déposition. Conseillez-lui, par exemple, de garder ses vêtements dans un sac en papier bien fermé (pas en plastique !). Elle pourra les emmener à la police où ils seront analysés et serviront de preuves contre l’agresseur !

Mais faites cependant attention à ne pas la forcer à faire quelque chose qu’elle ne veut pas. Si elle refuse toute démarche de ce genre, il faut que vous l’y ameniez doucement, sans la brusquer. Parlez avec elle, expliquez-lui pourquoi c’est important, dites-lui que ce que son agresseur lui a fait est punissable par la loi et que porter plainte peut l’aider à guérir. Rassurez-la, soutenez-la, accompagnez-la.

Quelles conséquences pour la victime?

Il est clair qu’une agression sexuelle peut produire chez la victime de nombreux symptômes et avoir des conséquences importantes. C’est normal étant donné le traumatisme d’une telle situation. La difficulté pour les proches, cependant, c’est qu’il n’existe pas une seule et même réaction. Chaque victime est différente et peut réagir plus au moins intensivement à ce qu’elle a vécu. Certaines réactions sont néanmoins courantes. Citons par exemple :

  • Les problèmes liés au sommeil (insomnies, cauchemars…).
  • Les symptômes comportementaux (comportements impulsifs voire agressifs, la tendance à s’isoler, à se replier sur soi…).
  • Les émotions (anxiété, irritabilité, colère, honte, culpabilité, impuissance, insécurité…).
  • Les difficultés physiques et psychologiques (migraines, vertiges, crises de panique et d’hyperventilation, perte d’estime de soi, difficulté à établir de nouvelles relations, notamment amoureuses…).

N’oubliez pas que chaque victime a des ressources, et, correctement soutenue, elle peut devenir résiliente et dépasser ce trauma.

Où trouver de l’aide ?

Nous sommes à votre disposition sur le LiveChat, même si nous ne vous accorderons pas autant de temps qu’aux victimes. Nous sommes là pour vous soutenir et répondre à vos questions. Aussi, nous pouvons sans souci vous indiquer vers quels professionnels vous tourner. À votre écoute, ils sont là pour vous conseiller et vous soutenir. S’il est important de prendre soin de la victime, en effet, il est tout aussi important de prendre soin de vous. Vous aussi vous avez le droit de vous sentir dépassé.e.s et mal à l’aise. Alors n’hésitez pas à parler de votre ressenti avec des professionnels, ici sur le site ou ailleurs.